Médecine dentaire sociale, tarifs et la prévention : la Conférence des présidents 2024
De la campagne de prévention aux tarifs, de la médecine dentaire sociale à la formation des assistantes dentaires : la Conférence des présidents 2024 s’est penchée sur des thèmes variés. Une soixantaine de représentantes et représentants des comités cantonaux, commissions et sociétés de disciplines se sont retrouvés à Thoune.
La Conférence des présidents de cette année a mis l’accent sur des thèmes touchant à la politique professionnelle tels que la médecine dentaire gériatrique. Christoph Senn, vice-président de la SSO, et Lukas Gnädinger, mandataire SSO pour les questions concernant la médecine dentaire gériatrique, ont présenté le plan relatif à la médecine dentaire gériatrique. Ce plan contribuera à améliorer la santé bucco-dentaire des résidentes et résidents d’établissements médico-sociaux. Lukas Gnädinger a montré que des interventions simples pouvaient avoir un impact considérable : atténuer les douleurs, réduire le risque de pneumonie, sensibiliser et former le personnel soignant. De plus, le groupe de travail a élaboré des formulaires uniformes, entre autres, pour l’examen médico-dentaire d’entrée ou la prescription de soins d’hygiène bucco-dentaire. Ils seront disponibles dès le printemps 2025.
Les sections sont appelées à intervenir. « La prise en charge en établissement médico-social n’est pas une obligation, mais un service précieux et utile en faveur des personnes âgées en perte d’autonomie et du personnel soignant », a conclu Lukas Gnädinger.
Les personnes en situation de précarité ont besoin d’aide
En Suisse, environ 248 000 personnes en situation de précarité renoncent aux traitements dentaires nécessaires pour des raisons financières, et cela malgré les aides disponibles. La SSO veut s’attaquer à ce problème. Olivier Marmy, membre du Comité central de la SSO, a rendu compte de l’engagement de la SSO dans la médecine dentaire sociale.
Le projet pilote « Santé bucco-dentaire pour tout le monde » dans le canton de Fribourg a permis de tirer de précieuses conclusions sur la base desquelles des améliorations pourront aussi être réalisées dans d’autres cantons. À cet égard, la SSO a cherché des partenaires et élaboré des mesures. Un guide pour les sections a été rédigé en collaboration avec la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) et l’Association des médecins-dentistes cantonaux (AMDCS). L’objectif est de mieux informer les personnes en situation de précarité sur la manière d’éviter les lésions dentaires et d’obtenir une aide financière. De plus, il est prévu de créer et d’élargir des offres faciles d’accès dans les cantons.
Rendre la profession d’assistante dentaire plus attractive
De nombreux cabinets dentaires ont des difficultés à pourvoir leurs postes d’assistantes dentaires vacants, notamment parce qu’une part non négligeable d’entre elles quittent la profession immédiatement au terme de l’apprentissage. La SSO s’est penchée sur le sujet. Une enquête a été réalisée parmi des médecins-dentistes employeurs et de jeunes assistantes dentaires sur le point de terminer leur formation. Le Comité central et les commissions compétentes ont élaboré des mesures pour améliorer la satisfaction au travail et rendre la profession plus attractive.
Tarifs et facturation
Le tarif et la facturation des prestations figuraient parmi les autres thèmes importants discutés. Nenad Lukic de la SSO Zürich a évoqué des problèmes rencontrés avec deux assureurs-maladie pour la facturation de prestations en lien avec les orthèses d’avancement mandibulaire. Wanda Gnoinski, mandataire SSO pour les questions concernant l’assurance-invalidité, a donné un aperçu de la facturation des traitements médico-dentaires en lien avec des infirmités congénitales. Et Bernard Schneuwly, président de la Commission des affaires économiques de la SSO (CAE), a répondu aux questions concernant les prestations groupées Plus. Elles seront introduites à compter de 2025 pour la facturation avec les assureurs sociaux AA/AM. En novembre, la CAE a organisé des webinaires dans les trois langues nationales afin que les cabinets dentaires puissent se préparer à ces changements.
Que se passe-t-il dans les autres cantons et dans les sociétés de discipline ?
La Conférence des présidents est aussi une plateforme qui permet aux sections et sociétés de discipline de présenter leur travail. Barbara Carollo, la nouvelle présidente de la Société suisse de parodontologie, a abordé la campagne de sensibilisation de la société de discipline et les projets pour les cabinets privés.
Valentin Huwiler, président de la Commissione d’informazione della Svizzera italiana (CISI), a présenté le dernier projet de prévention au Tessin : un flipbook qui montre pourquoi il est important de se brosser les dents et comment cela se fait correctement.
Plinio Rondi, président de la SSO Ticino, a présenté le projet SOS Denti. Il consiste à installer des boîtes de sauvetage dentaire dans des endroits très fréquentés et dans les bâtiments publics dans le canton du Tessin. Pour cela, la section collabore avec la Fondazione Ticino Cuore qui exploite et gère déjà actuellement des boîtiers pour défibrillateurs dans des lieux publics. Depuis son lancement l’année dernière, six de ces boîtes de sauvetage dentaire ont été utilisées. L’extension du projet à la Suisse allemande est actuellement examinée.
« Il n’y a pas de solution sans compromis»
La SSO a mené et conclu d’importantes négociations au cours des dernières années, raison pour laquelle elle a invité un expert en la matière pour en parler à l’occasion de la Conférence des présidents. Michael Ambühl, professeur à l’EPFZ et ancien secrétaire d’État du Département fédéral des affaires étrangères, a conduit d’importantes négociations pour la Suisse, notamment concernant les accords bilatéraux avec l’UE en matière de fiscalité ou sur la place financière. Il a également mené avec succès des médiations entre l’Arménie et la Turquie et a préparé le terrain pour des négociations entre les États-Unis et l’Iran. Dans son exposé, il a initié les participants à l’art de la négociation.
Michael Ambühl, chacune et chacun peut être amené à négocier dans sa vie. Comment peut-on apprendre à bien négocier ?
Une solide base théorique est utile, surtout si elle est associée à une expérience pratique. De plus, je recommande de suivre les négociations en cours, par exemple en politique. L’observation permet d’apprendre et on prend également conscience que des négociations ont lieu en permanence et partout, même au quotidien entre amis ou conjoints.
Pourquoi une base théorique est-elle nécessaire ? Ne suffit-il pas de se fier à ses connaissances humaines et à sa capacité de s’imposer ?
Non, il faut avoir une stratégie de négociation solide et bien préparée. Je dois savoir quel objectif je veux atteindre. Sur cette base, je peux ensuite définir une marche à suivre pour atteindre cet objectif. Des bonnes connaissances humaines et du bon sens sont certainement utiles à cet égard.
Quelles sont les erreurs les plus fréquentes ?
Dans les négociations, il faut ne faire preuve ni d’une trop grande flexibilité ni d’une trop grande rigidité, et agir malgré tout de manière ciblée. C’est plus facile à dire qu’à faire. Trouver un bon équilibre entre fermeté et flexibilité est l’art de la négociation. Parmi les erreurs fréquentes figurent aussi une préparation insuffisante ou une analyse lacunaire de la situation initiale. Ou alors, on agit de manière trop émotionnelle.
Quelle est l’importance de l’éthique dans les négociations ? Est-il permis de mentir, de cacher des informations ou de combiner différents thèmes ?
Le mensonge est réservé aux négociateurs amateurs. Si la partie adverse ment, on dois signaler qu’on a découvert le pot aux roses. La situation est différente si je cache des informations vis-à-vis de la partie adverse, par exemple le prix maximum que je suis disposé à payer. Ce n’est généralement pas considéré comme un mensonge. Il n’est pas non plus contraire à l’éthique de lier des thèmes. Cela se fait souvent, car généralement, une négociation porte sur différents thèmes.
Quel rôle joue la communication pendant et après la négociation ?
Dans son propre camp, il faut s’assurer au moyen de mesures appropriées que la confidentialité est respectée. Les informations qui parviennent au public peuvent cependant avoir une influence négative sur la négociation. Soit cela crée des attentes auxquelles on ne peut pas répondre, soit cela sape sa propre position.
Est-ce un signe de faiblesse de faire des compromis ?
Non, au contraire, il n’y a pas de solution sans compromis. Il est illusoire de penser que l’on obtient tout ce que l’on veut dans une négociation. Suivant les circonstances, le simple fait de parvenir à un accord est déjà un succès.
Quand peut-on dire que la négociation a réussi ?
Pour le dire de manière lapidaire : lorsque l’on a atteint son objectif de négociation. L’idéal, c’est que les deux parties tirent un bénéfice de la négociation. Le fait que chacun puisse sauver la face en fait aussi partie. C’est particulièrement important pour les personnes qui sont sous les feux de la rampe.